C’est Voltaire qui considérait le théâtre de Marivaux comme étant d’une très grande finesse psychologique et en disait « Il pèse des œufs de mouche dans une balance en toile d’araignée ». Le théâtre de Marivaux reprend la devise de la comédie castigat ridendo mores, corriger les mœurs par le rire. Sur l’île de nulle part, deux couples de maîtres et d’esclaves échangent leur condition le temps d’un cours d’humanité. A travers cette situation quelque peut extraordinaire Marivaux parle de la liberté, de la condition humaine, de l’humiliation et de la cruauté . Trahison contre manipulation : la lutte des valets et des maîtres revient toujours, chez Marivaux, à l’ordre social et symbolique traditionnel. Maîtres et serviteurs apparaissent comme complémentaires, dans une union qui n’est pas sans poser problème. Nous avons travaillé avec Alice Gervaise, notre scénographe, sur « une île » qui devient miroir de notre imaginaire. Le rêve et le cauchemar sont indissociables. L’île permet d’installer l’action dans un cocon, elle est signe d’ailleurs et d’extérieur et en même temps d’enfermement. L’île est un univers enchanté végétal ambivalent. Les personnages vivent ensemble contraints et forcés une aventure Humaine sur un sol inconnu, où tous leurs repères sont brouillés afin de les déstabiliser et de permettre l’expérience du changement. Il nous est apparu important de ne pas oublier que Marivaux met en place une aventure « extra-ordinaire ». Le personnage de Trivelin parle d’une expérience humaine unique en son genre, départ d’une nouvelle façon de penser, d’une nouvelle réflexion. Ce nouveau terrain de jeu nous pousse à créer et offre des possibilités infinies. Le choix d’installer sur la scène deux grands tubes de plexiglas remplis de végétaux avec un éclairage interne est un décors à la fois onirique et inquiétant. Nous travaillons sur le mystère de l’île, gardé et représenté par Trivelin. Lorsque nous avons travaillé avec Laurence Barres, notre costumière, nous sommes parties d’un travail fait avec les comédiens sur les animaux. Chaque personnage ayant un statut et un caractère bien défini, et évoluant dans une pièce où l’habit est terriblement important, représentatif du soi, il nous est apparu intéressant de « voir » l’habit comme une peau. Elément indissociable du corps. Pour nos personnages qui vivent une expérience contrenature, échanger d’habits revient à échanger d’identité. Le lion à qui l’on enlèverait sa crinière et que l’on remplacerait par un petit plumet d’oiseau s’en trouverait bien changé…
Vica Zagreba
Distribution:
Mise en scène de Vica Zagreba assistée de Laure Portier
Avec
Élodie Albert (Euphrosine), Aurélia Decker (Trivelin), Cédric Spinassou (Arlequin), Clément Vieu (Iphicrate), Vica Zagreba (Cléanthis)
Laurence Barres (Costumes), Alice Gervaise (Scénographie)
Consulter le dossier de presse